Nous revoilà sur les chemins de randonnée, mais au Népal cette fois, pour faire notre premier trek dans la region de l’Himalaya. Xavier, un ami de longue date, nous rejoint pour cette aventure de 15 jours qui doit (ou plutôt devait) nous amener au sommet du Gokyo Ri et dans la vallée de l’Everest, en passant par le col de Cho La. Notre itinéraire et organisation sont décrits dans ce premier article.
La veille du départ, nous rejoignons Harka à son bureau pour faire la rencontre de notre guide, Hari. On se présente, discute, la communication passe bien et nous nous sentons en confiance avec ces deux frères. Après un dernier dal bhat et une bière en ville, nous passons la soirée à preparer nos affaires en vue du départ le lendemain.
Journal de bord
Jour 1
Nous partons de Katmandou en bus vers 2h du matin, pour rejoindre l’aéroport de Ramechhap, nouveau lieu de départ des vols vers Lukla pour désengorger le seul aéroport international du pays. Il est situé à 4h de bus, à l’est de Katmandou. Les routes népalaises sont en très mauvais état, donc ici ils parlent en temps de route et non en distance …
A notre arrivée à Ramechhap, sur les coups des 6h, nous pouvons voir que les avions commencent déjà à faire des allers-retours vers Lukla. C’est le gros bouchon car aucun avion n’a pu décoller la veille à cause de la météo. Il y a donc près de 200 personnes à envoyer là-haut aujourd’hui, et c’est un peu à celui qui jouera le plus des coudes. Heureusement, nous avons Hari qui y comprend quelque chose et qui est sur tous les fronts.
Nous patientons au “café” du coin où nous alternons entre discussions sur le trek avec des collègues d’infortune, parties de UNO et ballade pour se dégourdir les jambes. Les heures sont rythmées aux va-et-vient de Hari qui nous met à jour sur la situation. Finalement, nous décollerons avec l’avant dernier avion de la journée vers 16h 😅😊, au moins nous serons là-haut pour la nuit.
Le vol dure à peine 20 minutes, le ciel est très couvert et on comprend assez vite pourquoi ce vol est dangereux. Les pilotes volent à vue et à basse altitude à travers les montagnes. L’aéroport de Lukla se trouve au fond d’une vallée et il ne faut pas se louper à l’atterrissage. Nous apprendrons qu’il faut une formation spéciale pour faire cette route et que les pilotes ne peuvent pas faire plus de 5 rotations par jour.
A l’arrivée sur Lukla, on se les pèle et le temps est plutôt mauvais ! Nous récupérons nos bagages, retrouvons nos porteurs Bikash et Shem, et c’est parti pour près de 2h de marche à la lampe torche pour rejoindre le village de Phakding où nous passons la nuit. C’est le grand confort, nous avons notre chambre avec salle de bain privée 😊.
Jour 2
Sans s’en rendre compte, à partir d’aujourd’hui, notre quotidien sera rythmé par la marche, les repas, les parties de cartes et les nuits glaciales. Nous commençons notre journée de bonne heure et après une photo de groupe, nous partons à l’assaut des 800 mètres de dénivelé pour rejoindre Namche. En route, nous avons la chance d’apercevoir le mont Everest pour la première fois, il parait tout petit vu d’ici. Avec un bon rythme, nous atteignons Namche Bazar en début d’après-midi, sous un grand soleil. Cette partie du trek est très jolie, on traverse des forêts et on passe d’un côté à l’autre de la vallée en utilisant quatre ponts de singe. Emotion garantie une fois à plusieurs dizaines de mètres au-dessus du vide.
Une fois sur Namche :
Jour 3
Aujourd’hui c’est repos, ou plutôt journée d’acclimatation. Nous nous baladons sur les hauteurs du village, visitons le musée du parc de Sagarmatha et finissons par l’incontournable Everest View Hotel, où tous les trekkeurs s’y donnent rendez-vous, pour profiter d’une très belle vue sur les sommets Nuptse, Everest, Lhotse et Ama Dablam. Une belle météo est au rendez-vous et nous pouvons tous les observer.
Dans l’après-midi, nous partons acheter nos guêtres et crampons (que nous revendrons en redescendant). De retour à l’auberge, ils diffusent le film Everest, un incontournable. Avec Morgane, nous nous installons dans la salle commune, avec d’autres trekkeurs, guides et sherpas. Nous avons l’impression de vivre une partie de l’aventure des personnages principaux, mais cela ne dure littéralement que 2 minutes du film 😂😅.
Jour 4
Une bonne journée nous attend pour rejoindre Dole, mais nous prenons notre temps. Une fois à Phortse Tenga, nous faisons une pause snack pour nous requinquer avant d’entamer la montée vers Dole, qui est un peu ardue.
Une fois en haut, Hari nous dit que nous avons un très bon rythme de marche, ce qui est plutôt rassurant pour la suite 😉. Nous commençons à entrevoir nos premiers paysages de haute montagne en cette fin de marche.
A partir d’aujourd’hui, plus de bières … la prochaine sera une fois de retour sur Namche, l’alcool n’aidant pas à l’acclimatation. Un groupe d’allemands, dans le même gîte que nous, ne semble pas s’en soucier et la bière coule à flot sur leur tablée 😂. Nous, nous passerons notre temps à alterner entre café, thé noir, thé citronné et le fameux thé citron/gingembre/miel, un délice 😋.
Jour 5
Pour cette petite journée, nous commençons par rejoindre le village de Machermo, dernier arrêt avant d’arriver à Gokyo. Après un repas au soleil, nous profitons de l’après-midi pour prendre un peu plus de hauteur. Hari avait prévu de nous faire monter jusqu’à 4700 mètres, mais c’était sans compter sur Xavier qui voulait voir la vue d’une crête située plus haut, à environ 4800 mètres. Nous décidons de le suivre, mais ces derniers 100 mètres se sentent sur le souffle.
Xavier est instopable, toujours à partir en vadrouille et à explorer les alentours. D’ailleurs, Hari nous dira plus tard dans la soirée qu’il aimerait bien avoir Xavier dans son équipe, qu’ils pourraient faire la saison ensemble et qu’il n’avait pas à s’en faire, il lui trouverait une femme ! Ou même une dans chaque village 😂😅.
Jour 6
Nous y sommes, c’est la dernière journée d’ascension pour rejoindre le village de Gokyo et ses fameux lacs d’un bleu turquoise, typique des lacs de haute montagne. Nous montons vite, et une fois le premier lac atteint, nous nous arrêtons pour le photographier et profiter du calme qui y règne. Nous ferons la même chose au second lac et encore au troisième, situé au pied du village de Gokyo. Perso, à notre arrivée à Gokyo, je ne me sentais pas très bien. Très fatigué avec un manque d’appétit, les signes avant coureur du mal des montagnes peut être 😉. Heureusement, Hari a avec lui un oxymètre pour mesurer le pouls et le taux de saturation en oxygène dans le sang, la SpO2. Tout est normal malgré une petite chute de notre SpO2 à tous les trois, due à la montée en altitude.
L’après-midi, nous partons explorer le 4ème lac, et pour Xavier le 5ème lac en prime. Nous profitons aussi de la superbe vue sur le plus grand glacier de la région, le glacier Ngozumpa.
Jour 7
Le matin du septième jour, nous devions faire l’ascension du Gokyo Ri, montagne culminant à 5360 mètres, mais Morgane et moi ne sommes pas en forme et nous décidons de prendre une journée de repos à la place. Xavier part se balader dans l’après-midi et en profite pour se faire une première ascension du Gokyo Ri juste avant le coucher du soleil. Mon cas commence à inquiéter tout le monde, moi le premier. Morgane va mieux et se sent prête pour le lendemain matin, en revanche mon état s’aggrave et j’ai définitivement le mal des montagnes avec des symptômes modérés. Je décris les effets du mal aigu des montagnes à la fin du premier article.
Mais la lessive, en compagnie de yacks curieux, ne peut pas attendre ! 😂
Jour 8
Ce matin, on y va ! Réveil à 4h du matin, Hari vérifie mon état de santé, je me sens mieux. Nous partons à l’ascension du Gokyo Ri. Il nous faudra 2h30 pour monter à la lampe torche dans un froid extrême. Nos gourdes gèlent et nous ne sentons plus nos visages, ni nos extrémités. Une fois en haut pour le lever du soleil, nous sommes seuls au monde et la récompense est énorme. Plutôt que de décrire le paysage, je mets quelques photos. De là-haut, nous pouvons observer quatre des plus hauts sommets au monde à plus de 8000 mètres : le Mont Everest, Lhotse, Makalu et Cho Oyu.
La descente sera dure et l’après-midi encore plus. J’ai utilisé mes dernières forces pour me hisser sur ce monticule et j’ai besoin de repos. Le soir, ma SpO2 a chuté tandis que celle de Morgane et Xavier se stabilise, il faut redescendre au plus vite. Nous ne pouvons pas progresser par le col de Cho La, situé à plus de 5000 mètres. Le départ pour Dole, 600 mètres plus bas, est prévu pour le lendemain matin. Nous décidons de changer notre itinéraire pour rester à une altitude en dessous de 4000 mètres pour les 7 prochains jours.
Jour 9
La descente vers Dole ce jour là est indescriptible, et il n’y a pas de photos pour mettre une image sur l’état dans lequel j’étais. Heureusement, une fois sur Dole en début d’après-midi, je me sens déjà mieux. Je peux manger normalement et après une sieste, je suis au top. J’étais sur la voie de la guérison.
Jour 10
Nous voilà partis sur notre itinéraire alternatif, nous allons rejoindre Tengboche et son célèbre monastère. Lors de la dernière montée en forêt, qui se fait en silence tellement la montée est raide, nous avons la chance d’observer de nombreux cerfs porte-musc, espèce en voie de disparition. L’animal est étrange, un corps de biche sur pattes courtes, avec une tête de kangourou et des canines de vampire… très étrange 😂
A notre arrivée à Tengboche, nous avons la chance d’assister à une célébration l’après-midi qui marque la fin du festival Mani Rimdu. Nous finirons la journée sur Dengboche, à observer un très beau coucher de soleil sur le Mont Everest.
Jour 11
Après Tengboche, nous prenons la direction de Khumjung et Khunde, deux villages sherpa où vivent de nombreuses familles dont les hommes participent aux expéditions sur l’Everest. Chaque année, et ce depuis les premières expéditions dans les années 1950, le peuple sherpa a eu un rôle prépondérant dans les expéditions en tant que guides et porteurs. D’ailleurs, pour la petite histoire, Tensing Norgay est né dans le village de Khumjung et aurait grandi à Thame, le village que nous visiterons le lendemain. Il est le premier homme (et sherpa) avec Edmund Hillary à atteindre le sommet de l’Everest, le 29 mai 1953.
Nous passerons assister à une séance de prières dans le monastère de Khunde, où nous resterons finalement 1h30 à écouter les moines réciter des mantras dans la pénombre, tout en buvant du thé au lait de yack qui nous est généreusement offert. Un moment fort, apaisant et spirituel.
Jour 12
Nous partons un peu tard ce matin là car nous passons voir le monastère de Khumjung (qui contient un scalpe de yéti !) et l’école du village, ouverte aujourd’hui puisque nous sommes lundi. L’école de Khumjung a été créée grâce à la Himalayan Trust, une organisation humanitaire fondée en 1960 par Sir Edmund Hillary et Tensing Norgay. Une bonne centaine d’enfants jouent dans la cour, dans les rues alentours, et les plus studieux sont en cours.
Nous prenons ensuite la direction de Thame, un autre village sherpa. Le paysage sur la route est magnifique. Nous aurons la chance de rencontrer un jharal, comparé à la chèvre sauvage chez nous, qui est en voie de disparition lui aussi. L’animal est magnifique avec ses longs poils et sa crinière comparable à celle d’un lion.
Jour 13
Malheureusement, aujourd’hui nous devons entamer la descente. C’est le retour à la civilisation. Nous prenons la direction de Namche Bazar, village que nous avions quitté 10 jours auparavant. Et pour la petite anecdote, c’est le même nombre de jours que nous avons passé sans prendre de douche 😅😂.
Nous célébrons ces dix derniers jours de trek avec une bonne bière fraîche bien méritée, une “Everest” bien sûr ! Nous la savourons tout en faisant des parties de Dhumbal, un jeu de carte népalais que Hari nous aura appris.
Jour 14
La journée de marche vers Lukla est entièrement en descente. Nous croisons comme à l’aller des dizaines de porteurs avec des cargaisons dépassant l’imaginable en terme de poids et de taille. L’argent qu’ils touchent est proportionnel à la quantité qu’ils transportent. Le village est plutôt calme, nous partons au bar du coin offrir une bière à Hari pour ces supers deux semaines que nous avons passé ensemble. Bikash et Shem nous auront quitté plus tôt dans l’après-midi pour rejoindre leur famille avant le prochain trek ou le prochain boulot.
Jour 15
Au petit matin, nous devons repartir sur Ramechhap. Vous savez, ce petit aéroport situé à 4h de route de Katmandou … Heureusement cette fois nous embarquons assez tôt, vers 10h du matin, et nous arriverons sur Katmandou en début de soirée. Le trajet en bus était bien moins confortable qu’à l’aller, entassés dans un petit van sous une chaleur écrasante. Un choc après les quinze jours que nous venons de passer dans le froid.
Notre retour sur ce trek
Et voilà comment se clôturent nos 15 jours dans le massif de l’Himalaya. Nous avions imaginé un plan tout à fait différent de ce que nous avons fait, mais heureusement, nous avons parcouru la plus belle partie du trek d’après ce que Hari nous a dit et ce que nous avons pu lire en ligne. La montée vers le Gokyo Ri de nuit avec le lever de soleil sur ces sommets à plus de 8000 mètres restera inoubliable. Nous reviendrons pour trekker par nous-mêmes cette fois. C’est certain !
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