Nous avons fait un voyage en Patagonie Chilienne et Argentine en Novembre 2016 pendant près de trois semaines. En créant notre blog de voyage, nous ne souhaitions pas publier d’article à ce propos car les choses ont un peu changé dans la région, principalement suite à l’augmentation du tourisme et sa gestion dans les parcs nationaux comme Torres Del Paine.
En revanche, nous avons été pas mal sollicités par des amis sur la manière de voyager en Patagonie, d’accéder aux parcs et d’organiser son trek ! Nous avons donc décidé de publier cet unique article sur le fameux sendero « W » et son organisation pour le faire en autonomie complète.
Notre première expérience de trek s’est faite au Chili, dans le parc Torres Del Paine, sur le parcours appelé le « W » de par la forme de l’itinéraire à parcourir. Le W et son grand frère le “O” (Circuito Macizo Paine) font partis des plus beaux treks au monde grâce à la diversité des paysages et écosystèmes. Le parc est d’ailleurs inscrit au patrimoine de l’UNESCO depuis 1978.
Les visiteurs peuvent parcourir le parc de différentes manières. Il est possible de visiter le parc à la journée pour voir certains points de vue comme les fameuses Torres (Mirador Base de las Torres), mais la meilleure manière de profiter de la beauté du parc au maximum est d’y rester plusieurs jours et de le parcourir à pieds, en empruntant par exemple les 76 kms de sentiers du trek “W”.
La gestion du Parc Torres del Paine
Avant de se lancer dans le récit de notre aventure, il est bon de savoir que le parc est géré par la Corporación Nacional Forestal (CONAF) et que les différents sites de camping ou refuges sont gérés par trois organismes différents : la CONAF, Vertice et Fantastico Sur. Les sites gérés par la CONAF sont très basiques (ni eau, ni électricité, ni installation en dur) et ne sont que des campings (gratuits en 2016). En revanche, les autres sites sont composés d’une aire de camping payante et d’un refuge avec pension complète pour pouvoir dormir et manger au chaud.
Fin 2016, les réservations ont été rendues obligatoires mais nous avons pu entrer dans le parc et aller de camping en camping sans réservation préalable. Nous n’avions qu’une réservation pour le camping Paine Grande géré par Vertice, qui ne nous a pas été demandé à l’entrée du parc.
Il semblerait, d’après la carte récente ci-dessous, que le Campo Torres (gratuit) situé à 1h de marche des Torres et tenu par la CONAF ne soit plus accessible aux campeurs car il n’est plus indiqué.
Le climat
Le trek en lui-même n’est pas très compliqué car l’altitude n’est pas élevée et la plupart des chemins sont bien tracés et aménagés. En revanche le parcours est rendu difficile et dangereux par le temps qui est littéralement imprévisible et le vent très fort à certains endroits, vous empêchant de tenir debout.
Le meilleur moment de l’année pour s’y rendre est Janvier/Février, en été, mais il est possible de le faire d’Octobre à Avril. Nous avons décidé de le faire en Novembre pour être un peu hors saison mais nous savions que le temps aurait plus de chance d’être mauvais. Par contre la fréquentation sur le trek serait plutôt faible.
Le climat aux environs de Torres del Paine est océanique subpolaire, c’est-à-dire des températures fraiches été comme hiver et des précipitations étalés sur toute l’année. Le climat peut être rude à cause des changements brutaux de temps et surtout du vent qui refroidit l’air. Une journée type peut être comme ceci : commencer la journée avec trois couches de vêtements, bonnet/gants, à marcher en regardant le sol tellement le vent et la pluie vous fouettent le visage, faire une pause pique-nique sur une plaine en plein soleil à regarder les condors voler, et finalement finir la journée de rando dans le brouillard et la neige. Ne désespérez pas à cause du temps, au fur et à mesure que vous allez avancer dans le trek, les températures vont fluctuer ainsi que les conditions météo, vous tomberez certainement sur une journée de beau temps.
Le choix du parcours
Vous aurez à décider si vous le faites le trek d’ouest en est ou inversement. Dans notre cas, nous avons décidé de garder le meilleur pour la fin avec le lever de soleil sur les Torres le 5ème et dernier jour du trek, nous avons donc fait le trek d’ouest en est, avec le trajet en catamaran depuis Pudeto pour rejoindre le début du parcours.
Je dis 5ème jour parce que nous avons voulu prendre notre temps sur le trek qui se fait en 3-5 jours. Certains grands malades vous dirons qu’ils sont venus le faire en 3 jours, c’est clairement possible avec 25 km/jour mais je pense qu’on n’a pas le temps de bien s’imprégner du lieu.
De plus, nous avons choisi de faire le « W » en autonomie complète pour des raisons de budget et comme défi personnel. Notre parcours jour par jour est détaillé sur la carte ci-dessous.
L’ambiance sur le trek est très bonne, il y a beaucoup d’étrangers mais aussi de Chiliens qui viennent avec un bon esprit. Nous avons côtoyé des campeurs donc on ne pourra pas vous dire comment est l’ambiance en refuge. Vous croiserez des gens aguerris en rando qui pourront vous donner des conseils, et d’autres comme nous qui font leur premier trek en autonomie.
Chaque camping tenu par Vertice ou Fantastico Sur a un espace fermé avec électricité pour pouvoir cuisiner et manger à l’abris du vent. Vous pourrez manger entre campeurs et retrouverez certains d’entre eux tout au long du trek.
Arrivée à Puerto Natales et préparation du trek
La ville de Puerto Natales est la porte d’entrée pour accéder au parc Torres del Paine situé à environ 90 km de là. Il y a 2 ou 3 départs par jour en haute saison pour rejoindre le parc depuis la gare de bus.
En début d’après-midi, à notre arrivée de Punta Arenas en bus, nous allons acheter les billets aller/retour pour le parc à la station avant de rejoindre notre auberge de jeunesse en ville. Le départ du trek est pour le lendemain, nous avons donc une demi-journée pour faire tous les achats de nourriture et location d’équipement.
En rejoignant le centre-ville et notre auberge qui donne sur la Plaza de Armas Arturo Prat, nous sommes impressionnés par la quantité d’auberges, magasins d’équipement, agences de voyage, petits restos et cafés, ainsi que de laveries automatiques. Tout est fait pour les voyageurs / trekkeurs en transit.
Location des affaires de camping
Notre premier objectif était de louer les affaires de camping. En cherchant, nous avons vu que l’auberge Erratic rock était un bon lieu de rassemblement pour discuter et organiser son trek. Ils y organisent chaque après-midi un briefing sur l’organisation du trek et répondent aux questions (malheureusement nous l’avons loupé ce jour-là). Ils proposent aussi la location d’équipement de camping de qualité.
Nous avons donc loué chez eux une tente deux places ainsi que deux sacs de couchage (comfort -9 degrés) pour une durée de 5 jours. Les prix à la location n’ont pas changé depuis 2016 en regardant leur site. Nous avons payé 4,500 pesos/jour pour la tente et 3,000 pesos/jour par sac de couchage. Nous en avons donc eu pour un total de 50,000 pesos (et une réduction de 5%) ce qui fait environ 64 euros. C’est tout à fait raisonnable vu la qualité du matériel, de plus le personnel était accueillant et de bon conseil.
Nous sommes ensuite loué le reste de l’équipement à notre auberge de jeunesse (fermée depuis). Nous avons pris là-bas les matelas en mousse, le nécessaire de cuisine et les bâtons de marche car les prix étaient plus intéressants et la qualité du matériel était moins importante comparé à la tente et le sac de couchage. Faites attention à prendre suffisamment de recharges pour le réchaud (le vent vous fait utiliser plus de gaz!). Vous pourrez trouver des recharges entamées et laissées par les campeurs précédents à l’Erratic rock ainsi que sur les sites de camping dans le parc.
Une fois tout l’équipement récupéré, nous avons commencé à paniquer et à nous dire que nous allions avoir un sacré sac sur le dos … mais ça c’était avant de faire les courses pour 5 jours !
Les courses pour le trek
En route pour le supermarché, nous trouvons une petite échoppe qui vend des fruits secs et noix, et nous faisons le stock pour nos encas sur le trek. Nous nous arrêtons aussi à la banque pour retirer des sous afin de payer le catamaran (18,000 pesos/pers), l’entrée du parc (21,000 pesos/pers) et la navette entre l’hostel las Torres et l’entrée du parc le 5ème jour (3,000 pesos/pers), nous prenons aussi un extra de 30,000 pesos « au cas où ».
Le reste des courses est pris au supermarché, vous pouvez voir le détail de nos repas dignes d’un resto étoilé vers la fin de l’article.
Préparation du sac
De retour à l’auberge de jeunesse, nous préparons les sacs et essayons de réduire leurs poids au maximum en enlevant les « au cas où », malheureusement il y a en beaucoup en Patagonie. Si ca vous intéresse, on vous détaille le contenu exact de nos sacs plus bas dans l’article. Nous finirons avec un poids de 18kg pour moi (en partis à cause du matériel photo) et 14kg pour Morgane qui portait la majorité de la nourriture et a donc vu son poids réduire au cours du trek. Le reste des affaires est resté à l’auberge que nous avions réservé de nouveau pour la nuit après le trek.
Le trek, jour après jour
Jour 1 : Puerto Natales – Torres del Paine – Camping Paine Grande
La nuit fût courte et agitée mais nous sommes prêts à nous lancer dans le trek. Après un petit déjeuner léger, nous rejoignons la station de bus en taxi (pour économiser des forces) où nous nous retrouvons avec tous les trekkeurs qui partent ce matin là. Le bus part à 7h30 et à peu près deux heures plus tard nous arrivons à l’entrée du parc Torres del Paine.
Nous sortons tous du bus et allons nous enregistrer et payer l’entrée au parc (21,000 pesos/pers). Nous sommes ensuite rassemblés dans une pièce pour visionner une vidéo sur le parc, afin de nous sensibiliser à la préservation de cet écosystème unique. Ils y mentionnent les règles de base de la randonnée et du camping, la richesse de la faune et la flore, mais surtout l’impact négatif que peut avoir l’homme avec l’exemple des incendies de 2005 et 2012 causés par des touristes, qui ont ravagés une partie du parc.
Nous regagnons ensuite le bus direction Pudeto, d’où part le catamaran qui va traverser le lac Pehoé et nous emmener au début du trek à Paine Grande.
Arrivé à Pudeto, il est compliqué de rester dans le vent avec le sac sur le dos, nous nous mettons à l’abris d’une maison le temps que le catamaran arrive. Une fois sur le catamaran prévu à 11h, nous payons la traversée (18,000 pesos/pers) et allons sur le pont supérieur pour profiter de la vue !
Le bateau s’enfonce sur le lac couleur bleu turquoise. Le temps est ensoleillé mais de gros nuages gris passent au-dessus de nous, les rafales de vent balayent la surface de l’eau et créent des nuages d’eau, le tout avec une vue superbe sur les massifs bi-couleurs et enneigés Cuernos del Paine, Almirante Nieto mountain et Paine Grande hill.
Après 15 minutes sur le pont supérieur, les vagues sur le lac se font de plus en plus grosses et les trous d’eau impressionnent pour un catamaran de cette taille. Nous redescendons dans la cabine et les gens prendront la même décision que nous quelques minutes plus tard lorsqu’un gros trou d’eau éclaboussa tout le pont supérieur. Ce n’est pas cool de commencer un trek dans cette région déjà trempé !
Une fois sur la terre ferme à Paine Grande, nous montrons notre réservation faites quelques semaines auparavant (24,000 pesos/2 pers/2 nuits) et partons nous installer pour les deux prochaines nuits sur ce camping. Nous essayons de planter la tente à l’abris du vent mais il souffle très fort partout et la végétation reste très basse. Heureusement que notre tente est faite pour ce type d’environnement.
Comme il est tôt et qu’il fait plutôt beau, nous partons nous balader plus au sud du parc vers le mirador Pehoé pour admirer la vue. Nous traversons la partie du parc qui a été touché par l’incendie de 2012, nous pouvons bien voir les stigmates mais la nature reprend lentement le dessus.
Cette petite mise en jambe (sans sac) nous prépare pour le lendemain ou nous allons faire l’aller/retour pour voir le glacier Grey. Le soir nous cuisinons et mangeons dans le local réservé aux campeurs et séparé du refuge. Pour info, les douches et toilettes sont les même pour le refuge et le camping, et il y a de l’eau chaude !!! 😊
Jour 2 : Paine Grande – Glaciar Grey – Paine Grande
La première nuit en tente n’a pas été une réussite, surtout à cause du vent et de la pluie qui ont fait beaucoup de bruit et ont agité la tente. Nous nous levons tôt, avec le mauvais temps et c’est avec le ventre plein que nous prenons la route pour la première étape du trek qui nous mène au glacier Grey et au premier mirador (24 km aller/retour et 5-6h de marche).
La marche est vraiment sympa malgré la pluie non-stop et le vent, on voit de petits icebergs au milieu du lac Grey qui se sont détachés du glacier et dérivent. Il y a quelques points de vue qui permettent de voir le glacier au loin. Arrivés au niveau du refugio Grey, nous faisons une pause rapide pour savoir si nous continuons la marche car nous sommes trempés jusqu’aux os, nous avons testé les limites de nos imperméables Patagonia ainsi que de nos chaussures ! Nous décidons de continuer jusqu’au premier point de vue qui nous donne une belle vue sur le glacier, mais nous ne restons pas longtemps et rebroussons chemin car la vue sur le glacier se couvre rapidement au point de juste distinguer un mur de glace.
Après une très longue pause au refugio Grey pour manger au chaud et sécher nos chaussures/chaussettes, nous faisons la marche du retour qui se fera un peu plus au sec mais sans soleil, heureusement le vent est là et aide à sécher nos vêtements. De retour à Paine Grande, nous avons froid et sommes trempés ! Direction la douche chaude et un bon thé pour regagner quelques degrés. Pour permettre à nos affaires de sécher, nous les laissons dans la salle commune du refuge jusqu’au lendemain matin.
Jour 3 : Paine Grande – Mirador Británico Francés – Campo Italiano Francés
Le réveil est dur une fois de plus et il fait très humide, heureusement le temps s’est arrangé. Le ciel est couvert mais au moins il ne pleut pas, gros soulagement car cette fois nous allons marcher jusqu’au campo Italiano (7,5 km et 2,5h) avec le sac qui pèse son poids. Nous continuerons ensuite avec 3h (5,5 km) de marche et grimpette pour rejoindre le mirador Británico qui offre un magnifique point de vue sur l’ensemble du massif de l’intérieur (en principe).
La marche jusqu’au campo Italiano est sympa et finis avec un pont suspendu qui traverse une des rivières alimentées par les glaciers en amont. Une fois arrivé au camping, à l’ombre des arbres, il fait plutôt froid, nous nous arrêtons pour casser la croûte avant de monter au mirador Británico. Nous rencontrons les rangers qui nous disent que les conditions météo là-haut ne sont pas bonnes et que l’accès au mirador Británico est fermé. Nous laissons nos sacs près de la cabine des rangers et décidons de monter jusqu’au premier point de vue, le mirador Francés. La montée est magnifique mais les sommets sont recouverts de nuages. Une fois arrivé au mirador Francés qui marque la fin de la montée la plus pentu, le temps ne va pas en s’améliorant : il neige et les flocons nous fouettent le visage. On ne peut vraiment pas continuer la marche vers le mirador Británico, la vue est réduite à seulement quelques mètres.
Après quelques photos et le temps de s’imprégner du paysage tellement sauvage et imprévisible, nous redescendons au campo Italiano, et ça tire sur les genoux !
De retour au campo Italiano en début d’après-midi, nous hésitons à y camper. Le campement gratuit n’est pas du tout à l’abris du vent et il y fait sacrément froid pour une après-midi, on ne peut qu’imaginer la nuit glaciale sous tente qui va suivre. De plus, une petite douche chaude ne serait pas de refus, nous décidons donc de continuer la marche vers le campo Francés (qui nous a été recommandé) pour éviter de rester dans la vallée Francés et geler sur place. On espère juste pouvoir louer un emplacement pour la nuit, car nous n’avons pas de réservation.
À peine quitté le campo Italiano et la vallée, la température redevient supportable avec une vue sur les lacs bleus turquoise. Nous rejoignons le campement Francés assez vite car il se situe à seulement 30 min de marche de l’Italiano. A l’arrivée, des jeunes qui semblent gérer le camping nous demandent si nous avons une réservation. On leur dit que nous n’en avons pas, mais ils nous trouvent une plate-forme libre où mettre la tente… et nous facturent un prix plus élevé bien sûr.
Après avoir râlé dans mon coin et regrettant d’avoir continué jusqu’à ce campement, on rejoint les douches et toilettes en contre bas du campement et là je me dis qu’en fait le prix en vaut la chandelle. Les aménagements sont récents et très bien entretenus, on se sent dans un camping de luxe avec eau chaude et toilette séparés, de plus, à côté se trouve un bâtiment qui abrite un petit restaurant de quelques tables à l’étage où on va se prendre une bière australe.
Nous en profitons aussi pour admirer la vue et prendre des photos. D’ailleurs je suis même à deux doigts de casser mon appareil placé sur un trépied, une bourrasque de vent (pourtant je suis placé à couvert) renverse le trépied avec l’appareil dessus lorsque j’ai le dos tourné et je rattrape un des pieds in-extremis. L’appareil frôlera seulement le sol et gardera un petit souvenir de son passage en Patagonie.
Bilan de la journée
Nous sommes un peu déçus de ne pas avoir pu accéder au mirador Británico qui est un des “must see” du trek mais le temps était tellement mauvais qu’on ne pouvait pas espérer une éclaircie dans les prochaines heures. Avant de commencer le trek nous étions préparés à subir la météo capricieuse, en particulier au mois de Novembre, mais là on vient d’enchainer trois jours à demi-teinte. Espérons que les deux prochains jours soient meilleurs !
De plus, depuis la veille, je commence à ressentir une douleur sur le côté du genou gauche qui ne va pas en s’améliorant et je boite en cette fin de journée. Nous avons encore une grosse journée le lendemain avec 21,5 km à parcourir et environ 7,5 h de marche, le tout avec les sacs. On prévoit donc un départ à l’aube et plusieurs pauses.
Jour 4 : Campo Francés – Campo Torres
Le départ à l’aube à la frontale est une expérience, surtout sur cette partie du trek où nous sommes à découvert sur le flan de la montagne. Le soleil commence à se lever en face de nous. Nous sommes tous seuls sur le chemin et ça restera comme ça jusqu’à qu’on rejoigne l’intersection qui mène au refugio Torres d’où partent les tours pour une visite des fameuses Torres sur la journée.
Sur la route, nous faisons une pause-café au refugio Los Cuernos et plus tard dans la plaine ensoleillée pour un pique-nique à observer trois condors voler au-dessus de nous. Nous aurons eu du beau temps toute la matinée et nous devons nous mettre en tee-shirt arrivés dans la plaine au niveau des lacs. Les vues se succèdent et sont simplement magiques, ça nous fait oublier le sac sur le dos et la fatigue dans les jambes.
Nous commençons l’après-midi avec une remontée vers le refugio Chileno et l’entrée dans la vallée Ascencio. Une fois de plus, la différence de température se fait sentir et le vent redevient très puissant. Le chemin est assez large pour croiser les gens qui descendent, mais plusieurs bourrasques de vent qui descendent la montagne nous font nous arrêter pour garder l’équilibre avec les gros sacs et éviter de tomber dans le vide à notre droite.
Nous faisons une dernière pause au refugio Chileno avant d’entamer la montée vers le Campo Torres (gratuit, il semblerait fermé en 2019) à 3 km de là. Une fois arrivés et la tente plantée, nous sommes bien extenués. Le camping est presque vide et nous commençons à faire à manger dans l’abris très sommaire. L’eau se prend directement dans la rivière (pas besoin de traitement ou de la faire bouillir), il n’y a pas d’électricité et nous sommes dans une forêt donc tout le monde mange tôt avec les dernières lueurs du soleil.
Pendant le repas, un trekkeur nous dit qu’il va faire la montée finale pour voir les Torres car il y a une fenêtre de beau temps (il est environ 18h). Le ranger, qui était super sympa, le prévient d’être très prudent car c’est risqué, la montée est accidentée et la descente se fera de nuit car nous sommes sur le versant ombragé. Morgane est très tentée d’y aller mais physiquement je ne peux pas suivre. J’ai besoin de repos car j’ai vraiment très mal au genou qui m’irradie toute la jambe. Nous allons nous coucher tôt car nous devons nous lever vers 4h pour être au pieds des Torres pour le lever du soleil (prévu vers 6h).
Jour 5 : Campo Torres – Mirador de Las Torres – Hosteria Las Torres – Puerto Natales
La montée finale consiste à faire environ 1 km avec un dénivelé de 400 mètres, la marche prend environ une heure. Le chemin commence en forêt, le long d’une rivière et traverse ensuite un champ de rochers tous plus gros les uns que les autres jusqu’à la lagune au pied des Torres.
Au réveil de ce 5eme et dernier jour, nous découvrons qu’il a plu toute la nuit et qu’il pleut toujours, on appréhende la montée et surtout la vue. Est-ce que l’on pourra voir les Torres … sachant que nous avons une contrainte de temps ? Nous devons rejoindre l’entrée du parc pour le milieu d’après-midi.
La montée avec la frontale se fait donc sous la pluie, pas à pas, lentement mais surement, nous sommes les premiers à nous aventurer sur le chemin ce matin et nous avons des difficultés à trouver le fléchage. Arrivés dans le champ de rocher, on peut observer des lumières de marcheurs en contre bas qui indiquent le chemin parcourus.
La météo ne s’arrange pas, il pleut toujours et nous sommes littéralement gelés. Heureusement nous avons pris un sac de couchage pour nous enrouler avec une fois en haut. Arrivés à la lagune, on reconnait le lieu vu auparavant sur des dizaines de photos et cartes. On s’imagine les Torres qui sont juste devant nous, là, surplombant la lagune et derrière cette brume épaisse.
Nous attendons ce qui nous semble être une éternité, nous sommes rejoints par une bonne dizaine d’autres trekkeurs. Il fait sacrement froid, on grelote, et on ne peut même pas se réchauffer en bougeant parce qu’il pleut non-stop. Nous sommes abrités sous un gros rocher, cachés dans notre sac de couchage et on espère que le temps va s’améliorer, mais rien ne se passe. La brume se lève un peu avec le temps et on aperçoit la roche, de l’autre côté du lac, qui représente la base des Torres. Malheureusement la brume ne se lèvera pas plus que ça ce matin-là. Je ne peux même pas sortir mon matériel photo pour capturer l’atmosphère qui règne tellement il pleut.
Le soleil est maintenant levé mais à peine visible tellement la brume est épaisse. Nous sommes tellement tristes et déçus, 5 jours de marche et de défis physique pour manquer l’objectif ultime. Plein de regrets, nous redescendons au campement Torres pour défaire la tente et récupérer nos affaires. La descente est silencieuse et je me dis que j’aurais dû faire l’effort de monter la veille au soir, ou encore qu’on aurait dû faire le parcours d’est en ouest car le temps était meilleur le 1er jour.
La pluie nous suivra jusqu’au refugio Chileno mais le reste de la marche se fait sous le soleil jusqu’à la Hosteria de las Torres. Nous sommes un peu en avance pour prendre la navette qui va nous ramener à l’entrée du parc afin de prendre le bus qui nous ramènera à Puerto Natales. On s’allonge dans l’herbe, au soleil, avec nos derniers snacks et on échange avec les autres trekkeurs. Nous sommes encore tristes mais tellement content d’avoir fait ce trek W.
Nous sommes exténués mais quelle expérience inoubliable !
Contenu de nos sacs
La nourriture
Prévoyez seulement le nécessaire, et si vous le pouvez, évitez d’acheter de la nourriture dans les refuges, les produits sont limités et basiques et ils coûtent aussi très cher.
Si vous faites le trek en refuge, il semblerait que les repas soient un peu légers, prévoyez peut-être des snacks pour pendant la marche.
Pour finir, prévoyez au moins un sac poubelle pour collecter tous vos déchets. Vous devez transporter avec vous tous les déchets que vous allez générer. Il n’y a aucune poubelle dans le parc, c’est votre responsabilité de porter et jeter tous vos déchets après le trek.
Nos repas de chef
Petit-déjeuner (4) :
- Thé vert
- Granola
- Fromage
Déjeuner (4) :
- Œuf dur
- Salade de riz au thon en boite
- Petit pain
- Saucisson
- Pomme
Diner (4) :
- Soupe déshydratée
- Pates avec leur sauce et fromage
Encas et coups dur :
- Mix de noix
- Chocolat
- Fruits secs
- Bonbons
Les vêtements
Nous sommes partis avec deux changes complets en incluant les chaussures : un pour la journée, que nous mettrons chaque jour, et un pour le soir/nuit, pour rester au chaud et au sec.
Prévoyez au moins une paire de chaussette en laine mérinos. Si vos chaussures prennent l’eau, ou même en général, elles aideront à diminuer le risque d’ampoules et surtout les odeurs.
Utilisez la technique des couches pour vous habiller :
- Première couche: tee-shirt ou haut à manches longues en laine mérinos (ou synthétique au pire, surtout pas de coton !) pour aider à évacuer la transpiration et sécher rapidement. Restez au sec à l’intérieur est la clé.
- Seconde couche: veste coupe-vent ou polaire
- Troisième couche: veste imperméable simple, en GORE-TEX idéalement, qui s’ouvre sous les aisselles : très utile quand il pleut mais que vous voulez évacuer la chaleur pendant la marche.
Pour la tenue du soir, une veste qui fait seconde et troisième couche est parfaite avec une première couche en coton ou un pull léger.
Pour le bas, un pantalon de randonnée qui sèche vite est suffisant mais vous pouvez prévoir un bas en laine mérinos ou un legging à mettre en dessous s’il fait vraiment froid.
Ensuite vous avez tous les petits accessoires indispensables : lunettes de soleil, casquette, gants, bonnet et écharpe ou tour de coup (Buff)
Le vent est un inconvénient en Patagonie, mais peut aussi être votre meilleur ami. Si vos vêtements sont mouillés, placez les dehors dans le vent plutôt qu’à l’intérieur au chaud. Ils seront secs beaucoup plus rapidement au contact du vent.
Le matériel loué sur place (camping et randonnée)
Nous avons loué le matériel à Puerto Natales, et non pas sur le trek, car les prix sont nettement supérieurs dans le parc.
- Tente deux places FERRINO qui a très bien résisté au vent et fortes pluies
- Duvets a – 9 degrés en température de confort, gros volume dans le sac mais tellement chauds ! Gardez cette température de confort même en été.
- Matelas en mousse
- Bâtons de marche, indispensable à cause du vent qui fait perdre l’équilibre très facilement et pour vous aider à porter tout le poids sur votre dos
- Kit de cuisine et recharge pour le réchaud
Notre matériel de randonnée
Sac à dos– Nous sommes partis avec nos sacs Osprey Ariel 65L et Aether 70L. Ils ont une couverture de pluie intégré très utile. Ces sacs sont très confortables et permettent vraiment de mettre la majorité du poids sur les hanches et non pas sur les épaules et le dos.
Chaussures– Nous avions des chaussures de randonnée à tige haute, qui nous ont été indispensables. Le top est d’en avoir en GORE-TEX pour garder les pieds au sec quelque soit le temps ! Nos chaussures se sont retrouvées trempées le 1er jour et n’ont pas totalement séchés de tout le trek. La tige haute n’est pas nécessaire si vous faites le trek avec peu de poids sur le dos.
Compartimentation– Les sacs de compartimentation sont très importants même si vous avez une bonne couverture de pluie pour votre sac. Compartimentez vos affaires et nourriture dans des sacs de 1, 3 ou 5 litres permettra de l’organiser mais surtout de vous assurer que même si quelque chose est trempé à l’intérieur, le reste restera au sec. Gardez votre sac de couchage au sec dans un sac poubelle.
Camel bag ou gourde– Nous avions chacun un Camel bag de 1,5L ce qui était amplement suffisant. L’eau des rivières est potable dans le parc Torres del Paine, nous avons remplis nos camel bags dans les rivières pendant les 5 jours et nous n’avons eu aucun soucis. Dans les campings, récupérez toujours l’eau en amont du campement pour éviter toutes contaminations.
Les accessoires de camping
Les essentiels du camping à ne pas oublier : lampe torche frontale, couteau suisse, kit premier secours, crème solaire, briquet, serviette de bain en microfibre.
Ce qui a changé depuis fin 2016
Il semblerait que depuis fin 2016, il ne soit plus possible de rentrer dans le parc sans avoir réservé toutes ses nuits auprès des différents campings et refuges. En plus de cela, les réponses aux mails et demandes de réservations semblent être un peu sélectives.
Si vous désirez faire le W ou le tour complet avec le circuit O en autonomie complète alors je vous suggère de le faire, c’est un bon défi et une bonne expérience. En revanche, essayez de réserver hors saison (Octobre/Novembre ou Mars/Avril) ou bien longtemps à l’avance sans passer par un tour (mais sachez que le prix du trek restera quand même élevé).
Les transports dans le parc sont privés, une grande partie des refuges, hôtels et campings le sont aussi et il semblerait qu’il n’y ait pas de règles strictes sur la gestion des réservations. Les touristes sont un peu pris pour des cons d’après certains témoignages.
De plus, d’après les dernières cartes et informations disponibles, les campings gérés par la CONAF et gratuits fin 2016 n’ont pas été aménagés pour pouvoir (mieux) accueillir les trekkeurs. il y a même un camping (Campo Torres) qui aurait été supprimé, poussant ainsi les marcheurs à s’arrêter au camping/refuge payant juste avant, le campo/refugio Chileno.
Notre budget pour le W (pour 2 personnes) :
- Aller/retour en bus Puerto Natales – Torres del Paine : 30,000 pesos
- Prix d’entrée au parc : 42,000 pesos
- Navette entre l’entrée du parc et Hosteria Las Torres : 6,000 pesos
- Trajet en catamaran de Pudeto à Paine Grande : 36,000 pesos
- Camping Paine Grande (2 nuits) (avec réservation) : 24,000 pesos
- Camping Los Cuernos (1 nuit) (pas de réservation) : 15,000 pesos
- Camping Torres (1 nuit) : Gratuit
On arrive donc à un total de 153,000 pesos (±196 euros) pour deux personnes et 5 jours de trek dans le parc Torres del Paine. En comptant le prix de la nourriture (± 30 euros) et la location/achat d’équipement (±110 euros), on en ressort avec un budget de 336 euros pour deux personnes.
Ce chiffre à certainement augmenté en 2019 et peut être multiplié par 5 voire plus si vous décidez de tout faire en refuge avec la pension complète.
Si vous souhaitez voir quelques images du trek, vous pouvez aller jeter un oeil sur notre page vidéo ! Vous aurez aussi un aperçu des autres choses à faire en Patagonie.
N’hésitez pas à nous dire en commentaire si d’autres choses ont changé depuis 2016, car on planifie d’y repartir dans quelques temps !
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